Le saintongeais : le « parler savoureux de Saintonge »

Barthélemy GAUTIER, Saintongeoisiana, Saintes, [sans date], 22731 M MAR

Les dessins de Barthélemy Gautier sur les types saintongeais marquent le 19e siècle.

  

Les médiathèques de Saintes conservent un fonds conséquent d’écrits et de manuscrits en saintongeais.

Le saintongeais (saintonjhouê), aussi appelé le charentais et à ne pas confondre avec le poitevin, se parle principalement en Saintonge (sud de la Charente-Maritime), dans une large partie de l’Angoumois (ouest et centre de la Charente) et dans le pays Gabay (nord de la Gironde).

« Mélangher dau Cougnat et dau feurmaghe de bique, o f’ra jhamais in bon pineau ! »

 

 Saintongeais

Carte de l’aire linguistique du saintongeais

  

Marcel Pellisson In Jharbot

Marcel PELLISSON, In Jharbot de Bouquet Saintonjhouê. Tout frei thiuyit prr’ Meite Piâre Marcut dan son beun a léchayer, en l’arrondisseman de Sainte, Paris, [1886]

Si les écrits permettent de sauvegarder ce patrimoine linguistique, ils ne donnent aucune indication quant à la prononciation, ce qui apparaît comme problématique pour une langue majoritairement parlée et non enseignée. Le In Jharbot de Pellisson expose une « méthode d’orthographe phonétique » qui permet de pallier ce manque.

 

 Antérieur au français et très proche du monde de la terre, le saintongeais s’est élaboré progressivement jusqu’à devenir une « langue rigoureuse dans la conjugaison et la grammaire » selon René Ribéraud. La transmission de ce patois se fait dans le cadre de la famille, passant de génération en génération.

Bien que mis par écrit à partir du 18e siècle, il n’existe pas de codification réelle de l’écriture pour le saintongeais. « Chaque patoisant écrit à sa manière », sans véritable règle définie, rapporte Le Boutillon des Charentes. Et le célèbre Goulebenéze n’échappe pas non plus à ce constat : un même mot connaît plusieurs graphies sous sa plume.

 

 Goulebeneze Guernut

Marc-Henri Evariste Poitevin dit GOULEBENEZE, Mon Voisin Guernut, Gémozac, 1924

Goulebenéze (1877-1952) est sans doute celui qui connaît le mieux les hommes et les choses de la campagne charentaise. Saintongeais-type inventé par Goulebenéze, Guernut est un paysan « attaché à sa terre, qui aime la vie tranquille mais qui se tient informé du progrès sans toujours le comprendre ».

  

Le Subiet min

Le Subiet, jhornau en patois dé Chérentes : paroissant l’dimanche, 25 février 1928

Fondé en 1901 par Octave Daviaud sous le pseudonyme de Jean Rigole, le Subiet (le sifflet en saintongeais) est l’un des premiers journaux entièrement rédigés en patois. On y retrouve principalement des contes et des poèmes, ainsi que plusieurs illustrations humoristiques.