De l’école centrale au couvent des Jacobins
La médiathèque François-Mitterrand est aujourd’hui située au cœur de la vieille ville où elle occupe l’ancien couvent des Jacobins (ou Dominicains), qui semblent être arrivés à Saintes vers la fin 13e siècle ou au début du 14e siècle.
Créée à la Révolution française, la bibliothèque municipale de Saintes reçoit les livres des confiscations révolutionnaires (couvents, abbayes, nobles) et s’installe à l’école centrale en 1795. Après plusieurs déménagements, elle rejoint les archives municipales à l’hôtel de ville. En 1871, un incendie accidentel cause d’énormes pertes : seuls 7 000 documents sur 22 300 sont récupérés.
La Ville déménage la bibliothèque dans la tour de l’ancien échevinage (actuel Musée de l’Échevinage).
La bibliothèque prend progressivement possession de l’ensemble de la propriété avec une première réhabilitation en 1979 : une ouverture du jardin sur la place de l’Échevinage et la création d’un véritable espace pour les Adultes et un autre pour les Jeunes. En 1987, l’Espace Jeunes inaugure la réhabilitation de l’Est qui offre aux Saintais une grande salle d’exposition (ancienne salle capitulaire du couvent des Jacobins). En 1995, l’aile Nord entièrement restaurée accueille l’Espace Adultes, l’Espace Jeunes et, en 2001, la bibliothèque devient Médiathèque avec l’ouverture de l’Espace Image et Sons.
L’ouverture d’un Espace Patrimoine
En 2010, les collections patrimoniales sont identifiées comme victimes d’une contagion fongique et bactérienne active et élevée par le laboratoire de conservation de la Bibliothèque nationale de France. Ces collections ne pouvaient donc plus être mises à disposition du public.
L’effondrement de la toiture de la Médiathèque dans la nuit du 27 au 28 novembre 2019 a précipité leur sort : il était urgent de gérer leur décontamination. Les 3/5èmes des collections ont bénéficié d’une opération de décontamination par rayons gamma, entre 2020 et 2021. Les 2/5èmes restants se trouvent actuellement Maison Martineau et attendent à leur tour d’être décontaminés.
Les travaux réalisés à la médiathèque après l’effondrement de toiture ont permis de rénover la réserve patrimoniale pour accueillir les collections dans un lieu sain à leur retour de décontamination. Une salle de consultation appelée « Espace Patrimoine » a également vu le jour. La partie des collections décontaminée y est communicable au public.
Les bienfaiteurs
Le patrimoine des médiathèques ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui si de nombreux collectionneurs n’avaient pas confié leurs collections, leurs dossiers et notes personnelles.
Louis Audiat, bibliothécaire et archiviste de la ville, s’emploie à reconstituer les collections : en 15 ans, il inventorie 11 000 livres, manuscrits, cartes et gravures.
En 1939, la bibliothèque s’installe sur son site actuel.
Maurice Martineau (1854-1928)
Saintais, négociant en cognac et bibliophile passionné, il a collecté environ 10 000 documents (manuscrits, affiches, livres, gravures, photos) tous relatifs à Saintes et à la Saintonge. Grâce à son don en 1928, l'Espace Patrimoine s’est enrichi de livres d’heures manuscrits enluminés, d’incunables, d’éditions rares du 16e siècle, d’un fonds de gravures et d’une belle collection d’autographes de personnalités saintaises et saintongeaises.
Baron Eugène Eschassériaux (1823-1906)
Issu d’une famille d’hommes politiques originaires de Thénac, le baron Eugène Eschassériaux lègue en 1906 à la Ville de Saintes sa bibliothèque d’homme public. Ce fonds constitué de livres, d’un grand nombre de titres de presse locale et surtout de liasses qu’il a lui-même constituées sur ses amis et adversaires politiques, constituent un fonds incontournable pour l’étude de la vie politique, notamment le Bonapartisme, en Charente-Inférieure au 19e siècle. Son arrière-petit-fils, le Baron de Chaubry, remet en dation à la Ville de Saintes en 1991, la plus grande partie de la bibliothèque privée de son ancêtre et notamment les manuscrits du Baron.
Colonel Fernand Faucher de La Ligerie (1847-1907)
Le Colonel remet à la Ville de Saintes en 1907 la bibliothèque dont il a hérité de son oncle Auguste Verchère de Reffye (1824-1905), grand bibliophile. Ce sont 700 ouvrages d’auteurs du 19e siècle aux éditions rares, sur grand papier et aux reliures remarquables. Plusieurs sont dédicacés de leurs auteurs comme Victor Hugo et Alfred de Vigny.
Charles Dangibeaud (1851-1935)
Charles Dangibeaud, avocat de formation, assure la direction des musées de Saintes de 1885 à 1935 et de la bibliothèque de 1913 à 1935. Il collecte plusieurs dizaines d’affiches publicitaires de la fin du 19e siècle, de très nombreuses cartes postales et des documents de la vie quotidienne saintaise. Son journal, remis à sa mort à la bibliothèque, ouvert seulement en l’an 2000 à la demande de Charles Dangibeaud, est une source pleine d'anecdotes amusantes sur les saintais.






