La Révolution française bouleverse la pratique de l’affichage public. En 1789, l’Assemblée nationale déclare que « tout citoyen peut parler, écrire et imprimer librement », entraînant un essor de la production des affiches, qui sont rapides à imprimer et peu couteuses. Placardées sur les murs des villes, leur multiplication conduit à une réglementation du droit d’affichage en 1791, afin d’éviter les attroupements liés aux lectures collectives et la saturation de l’espace public.
Les affiches administratives, ou officielles, représentent la quasi-totalité du lot acquis aux enchères par les médiathèques de Saintes. Elles sont l’émanation de différentes autorités et institutions, tels que l’Assemblée législative constituante, la Convention nationale, la Cour des aides, ou encore le Tribunal criminel.
L’affichage public de ces textes (loi, décret, règlement, arrêté) permet aux jeunes institutions politiques d’assoir leur légitimité. En les portant ainsi à la connaissance de tous, ces textes gagnent en notoriété et en deviennent plus facilement applicables.
Les affiches permettent de s’imprégner de l’esprit de la période car elles abordent une variété de sujets : peine de mort et autres jugements, liquidation de la dette publique, réglementation des exportations, acquisitions des biens nationaux, rachat des droits féodaux, droit du timbre, etc.
Ces textes sont envoyés à tous les tribunaux, les corps administratifs et les municipalités afin qu’ils procèdent à leurs propres impressions. En province, les affiches sont donc du ressort d’imprimeurs locaux comme Pierre Toussaints. Ce dernier, originaire de Saint-Jean-d’Angély, s’établit à Saintes rue Saint-Maur et signe « imprimeur du département de la Charente-Inférieure ».

Loi sur la liquidation de la Dette publique, 1790, Saintes, Pierre Toussaints
La situation financière avant la Révolution est préoccupante. Le roi décide de convoquer les Etats-Généraux en mai 1789 pour y trouver des solutions de financement. L’Assemblée nationale constituante établit alors en janvier 1790 un comité chargé d’opérer la liquidation de la dette publique. Bien que synonyme de la mise en place de grands principes fiscaux comme l’égalité de tous les citoyens devant l’impôt, la Révolution et sa réorganisation financière ne sont pas entièrement efficace, notamment dans le contrôle des comptes opéré par son comité de liquidation.
Médiathèques de Saintes

Adresse de l’Assemblée nationale aux français, 10 août 1792, Saintes, Pierre Toussaints
Le 10 août 1792, une révolte populaire menée par la Commune insurrectionnelle de Paris assiège le palais des Tuileries, forçant la famille royale qui y réside à se retirer et à se placer sous la protection de l’Assemblée législative. Cependant et pour la première fois depuis le début de la Révolution, le 10 août 1792 est également dirigé contre l’Assemblée législative, bourgeoise et majoritairement favorable à la monarchie constitutionnelle. Sous la pression populaire, l’Assemblée législative vote à l’unanimité la suspension du Roi.
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Loi relative à la formation de la prochaine Convention nationale, 21 août 1792, Saintes, Pierre Toussaints
A la suite du 10 août 1792, l’Assemblée législative vote la convocation d’une Convention nationale chargée « d’assurer la souveraineté du peuple et le règne de la liberté et de l’égalité ». Le Conseil exécutif provisoire organise les élections des députés de cette Convention. Pour la première fois en France, les élections se font au suffrage universel masculin, après la suppression le 11 août 1792 de la distinction entre les citoyens payant le cens électoral et ceux ne le payant pas (femmes, domestiques, citoyens en état d’accusation, insolvables et faillis). Elue (avec près de 90% d’abstention), la Convention nationale tient sa première séance le 21 septembre 1792 et décrète l’abolition de la royauté.
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