Ingénieur géographe du roi rendu célèbre par ses atlas au 17e siècle, Christophe Tassin (16..-1660) bénéficie d’un éclairage dans Le Picton n°281 faisant paraître un article intitulé « Un petit atlas portatif du Poitou du XVIIème siècle » par Anne Sophie Traineau-Durozoy[1]. La médiathèque François-Mitterrand de Saintes conserve dans ses collections certains documents illustrant l’œuvre du cartographe.
En France, la production des premiers en atlas, c’est-à-dire de recueils de cartes géographiques imprimées et reliées, remonte à la toute fin du 16e siècle. Elle s'inscrit dans un contexte de renouveau cartographique en Europe, influencé par les grandes découvertes et les avancées scientifiques de la Renaissance. La cartographie française trace sa propre voie portée par des éditeurs ambitieux tel Melchior Tavernier et par le savoir-faire de cartographes issus du corps des ingénieurs des armées du roi parmi lesquels Claude de Châtillon ou Christophe Tassin.
Cartes générales et particulières des costes de France […], folio 2, Paris, Christophe Tassin, [1634?].
Parue en 1634 en édition partagée chez Cramoisy, Tavernier et Messager, cet atlas est l’une des œuvres les plus soignées de Christophe Tassin. Remportant un certain succès, cet ouvrage est réédité dès 1636 puis encore en 1690. Possiblement commandité par Richelieu, alors surintendant de la Marine, Christophe Tassin lui dédie son travail en préface de ce volume.
Coll. Médiathèques de Saintes, 24952 MAR
Longtemps connu par erreur sous le prénom de Nicolas, Christophe Tassin est commissaire ordinaire des guerres et géographe en 1631, année où il obtient un privilège du roi pour faire publier ses travaux. Ceux-ci comprennent plusieurs importants atlas de la France, de l’Allemagne, de la Suisse, des côtes françaises et un atlas des principales provinces de France dont le Poitou, l’Angoumois, l’Aunis et la Saintonge. Il fait paraître l’ensemble de son œuvre gravée entre 1633 et 1635. En 1644, Il vend la totalité de ses cuivres gravés qui donneront lieu à de nombreuses rééditions ultérieures.
Plans et profils des principales villes de la province de Poitou […], page de titre enluminée au 19ème siècle, Christophe Tassin, Paris, [1634?].
Les exemplaires de l’atlas des provinces de France pour le Poictou et la Guyenne conservés dans le fonds Martineau ont été relié à l’identique par Morales à Poitiers au 19ème siècle. La page de titre a probablement été enluminée à cette occasion.
Médiathèque de Saintes, 24878 MAR
Christophe Tassin est surtout rendu célèbre pour ses petits atlas oblongs faciles à transporter. Ce sont pour certaines, des œuvres pensées pour toucher un public élargi, mêlant différents types de représentations (carte de provinces, plans et profils de ville). Ne portant pas de nom d’auteur ou de graveur, ses planches présentent un caractère d’homogénéité (lettre arrondies, cartouches ornées de grotesques, navires) qui les rendent facilement identifiables.
La médiathèque conserve cinq exemplaires des atlas de Tassin : un exemplaire de Cartes générales et particulières des costes de France […] dont 3 cartes du littoral de la Saintonge, un volume sur la Guyenne avec des vues de Royan et trois exemplaires de Plans et profils des principales villes de la province de Poitou […], rassemblant les planches sur l’Aunis et la Saintonge.
Plans et profils des principales villes de la province de Poitou […], Xaintes, folio 17, Christophe Tassin, Paris, [1634 ?].
Comme dans la plupart des plans de villes de Tassin, Saintes est représentée sous l’angle presque unique de ses fortifications figurées avec précision dans une perspective militaire, délaissant le reste du paysage urbain.
Coll. Médiathèque de Saintes, 24878 MAR
Plans et profils des principales villes de la province de Guyenne […], S[ain]t-J[e]an-d'Angély, folio 13, Christophe Tassin, Paris, [1634 ?]
Les vues de profils de Tassin s’inspirent assez nettement de celles produites par Chastillon à la fin du 16ème siècle. La finesse de la gravure en taille douce sur cuivre permet désormais un dessin beaucoup plus précis et détaillé.
Selon Mireille Pastoureau, la carte au 17ème siècle « est encore une image qui se regarde plus qu’elle ne se lit ». Dans ce contexte, les profils en vue cavalière qui prédominent au 16e s., très narratifs, suscitent encore l’intérêt du public au siècle suivant.
Coll. Médiathèque de Saintes, 24879 MAR
[1] Responsable du Pôle Collections et du Service des collections remarquables. Service commun de la documentation de l'Université de Poitiers.
Pour aller plus loin :
TRAINEAU-DUROZOY Anne-Sophie, « Un petit atlas portatif du Poitou du XVIIème siècle », Le Picton, n°281, avril-mai-juin 2025
PASTOUREAU, Mireille, Les Atlas Français XVIe-XVIIe siècles, Répertoire bibliographique et étude, Paris : Bibliothèque Nationale, 1984
Plans et profilz des principales villes de la province de Poictou avec la carte générale et les particulières de chascun gouvernement d’icelles. - 26 f. : 24 cartes numérotées de 3 à 26.
Plans et profilz des principales villes de la province de Guyenne avec la carte générale et les particulières de chascun gouvernement d’icelles. - 23 f. : 21 cartes numérotées de 3 à 23.
Cartes générales et particulières de toutes les costes de France […] édité en 1636 ou figurent trois planches sur le Poitou, l’Aunis et la Saintonge.