Faucher de la Ligerie et son fonds de reliures soignées

Ferdinand Faucher de la Ligerie (1875-1907), marquis et colonel de cavalerie, est un grand collectionneur en tout genre. Il lègue à la ville de Saintes en 1907 sa bibliothèque personnelle. Cette bibliothèque est composée de quelques 700 ouvrages, tous reliés. Ces reliures soignées datent majoritairement du 19e siècle. La plupart sont signées par les grands maîtres-relieurs de l’époque.

Qu’entend-t-on par reliure ? La reliure est la dernière étape dans la fabrication du livre, intervenant après l’impression du texte. Elle désigne aussi la partie extérieure qui recouvre le corps de texte. La reliure a une double fonction : protectrice et ornementale.

anatomie reliure

Fig. Anatomie de la reliure

La reliure désigne aussi la partie extérieure d’un livre (par opposition au corps de texte). Les bibliophiles utilisent un vocabulaire bien spécifique pour parler des matériaux utilisés, des techniques d’ornementation et des différentes parties qui compose une reliure.

La fin du 18e siècle marque un tournant pour la reliure lié au début de l’industrialisation et à l’augmentation massive du nombre de volumes à relier. Les reliures commerciales comme les brochés, plus rapides à mettre en œuvre et moins onéreux, connaissent un fort succès. La reliure soignée n’est alors plus perçue comme une nécessité mais relève d’une intention affirmée du commanditaire.

 

Buchbinder 1568 Reliure et atelier

Un atelier de reliure traditionnel au 16e siècle, gravure de Jost Amman, 1568

La reliure s’effectue dans un atelier par un maître-relieur. C’est un processus en quatre étapes : la couture pour relier les feuilles entre elles (cousoir visible en arrière-plan) ; la passure pour protéger le corps de texte en le pressant en deux planchettes (visible au premier plan) ; la couvrure pour couvrir les planchettes et le dos de cuir ou de tissu ; et la finissure pour orner le matériau de couvrure.

 

 

 

 

La reliure moderne repose sur un principe simple : faire des reliures semblables à l’époque de parution de l’ouvrage à relier (pastiche historique) mais faire « une décoration nouvelle » pour les ouvrages récemment publiés (création). Les deux devant permettre « avant d’ouvrir le livre, [d’]être fixé sur ce qu’il renferme » (La reliure française, Marius Michel). Si auparavant la reliure ne disait rien du contenu de l’ouvrage, la reliure moderne entend établir un lien entre reliure et contenu.

 La reliure moderne soignée acquiert peu à peu le statut d’objet d’art. Au point que les relieurs signent leurs reliures, comme le font les grands artistes avec leurs toiles.

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Fig. Staal de Launay, Marguerite Jeanne Cordier, Mémoires de Madame de Staal, Paris, Chamerot, 1891

Reliure de Chambolle-Duru en maroquin bleu janséniste, doublée de maroquin rouge aux contreplats, avec roulettes et petits fers dorés estampés aux contreplats, dos à 5 nerfs, tranches dorées.

L’atelier Chambolle-Duru, créé en 1857, est une association de deux personnes : René-Victor Chambolle (1834-1898) et Hippolyte Duru (1803-1884). L’atelier acquiert rapidement une notoriété importante parmi les bibliophiles. Le fonds Faucher de la Ligerie conserve une centaine de reliure provenant de cet atelier.

Le nom de Chambolle-Duru est lisible en bas de la reliure, sous les petits fers dorés.

(Médiathèques Saintes, 401 FAU)

 

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Le Tasse, La Gierusalemme liberata, Gênes, 1590

Reliure en maroquin Lavallière, petits fers dorés et figures géométriques estampés à froid sur les plats, dos à 5 nerfs, tranches dorées.

L’estampage est une technique ancienne pour décorer les plats et le dos des ouvrages. Les relieurs utilisent des petits fers, outils sur lesquels le dessin à reproduire est gravé en relief. Les petits fers sont chauffés puis appliqués sur une feuille d’or plaquée sur le cuir.

(Médiathèques Saintes, 411 FAU)

 

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Mascarades et farces de la Fronde (en 1649), Turin, Oddennio, 1870

Demi-reliure à coins en maroquin rouge, dos à 5 nerfs, tranche de tête dorée.

Originaire du Moyen-Orient, la dorure est pratiquée en France à partir du début du 16e siècle. La dorure des tranches intervient avant la couvrure et mobilise une presse à dorer pour rendre le corps de texte imperméable. Les relieurs collent ensuite avec un pinceau une feuille d’or sur les tranches, préalablement enduites de blanc d’œuf.

(Médiathèques Saintes, 287 FAU)

 

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